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Monuments aux morts des communes riveraines de l'estuaire de la Gironde
France > Nouvelle-Aquitaine
Historique
Les monuments aux morts des communes riveraines de l'estuaire ont tous été érigés après la première guerre mondiale, entre 1920 et 1925.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 1er quart 20e siècle Secondaire : 2e quart 20e siècle |
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Description
Détail de la description
Murs |
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Informations complémentaires
Synthèse sur les monuments aux morts de l’estuaire de la Gironde
Dès la fin de la Première Guerre mondiale, les communes françaises sont nombreuses à élever des monuments à la mémoire des morts pour la France. C’est le cas du territoire estuarien, dont la grande majorité des communes participe à l'érection de ces monuments aux morts entre 1920 et 1925. Seule les communes de Talmont-sur-Gironde et La Palmyre attendent l'après Seconde Guerre mondiale pour se doter de leur monument aux morts. S'ils sont principalement érigés durant cette période, pour commémorer les morts de la Grande Guerre, d’autres plaques sont apposées par la suite, parfois en l’honneur des morts de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 mais surtout en souvenirs de ceux de la Seconde Guerre mondiale puis de la Guerre d’Algérie et d’Indochine. Il n’est pas rare que certaines communes se dotent de plusieurs monuments aux morts "pour davantage encore honorer les défunts", comme c’est le cas à Mortagne-sur-Gironde notamment. Dans la plupart de ces cas, un monument est installé dans le cimetière, à Valeyrac par exemple, et un second dans l'espace public, sur une place aménagée à cet effet. Des plaques et tableaux commémoratifs sont fréquemment apposés dans les églises paroissiales, à Talais notamment, ou de véritables monuments comme au Verdon. L’estuaire obéit donc à ce mouvement national de commémoration et il convient de s’intéresser aux formes que prennent les monuments de ce territoire, entre standardisation et particularités locales.
Des représentations standardisées
La fabrication en série
Le choix des monuments aux morts dans l’estuaire obéit à un goût commun qui semble s’étendre dans tout le pays. Les monuments ou du moins les statues sont souvent fabriquées en série et choisies sur catalogue. Il n’est donc pas rare que deux communes aient un monument aux morts similaire. C’est le cas de Saint-Ciers-sur-Gironde, Prignac-et-Marcamps, Valeyrac, Saint-Sorlin-de-Conac, Chenac-Saint-Seurin-d’Uzet ou Barzan, qui font toutes appel à la fonderie Hector Jacomet (Vaucluse) qui propose une statue d’après un modèle d’Etienne Camus, sculpteur toulousain. Elle représente un poilu au repos appuyé sur sa baïonnette. En fonte, elle peut être monochrome ou polychrome. D’autres cas de statues identiques se retrouvent dans l’estuaire, comme avec celle de la commune de Bégadan qui est une copie de celle que le sculpteur Edmond Chrétien avait fabriqué pour la ville de Saint-Sever dans les Landes. Enfin, Charles Pouquet, sculpteur parisien, fournit des statues identiques pour les monuments de Saint-Yzans-de-Médoc et de Saint-Fort-sur-Gironde. Elles présentent toute les deux des monuments avec une statue de poilu debout, tenant son fusil à l’horizontale face à lui. Les formes que prennent les monuments commémoratifs de l’après Première Guerre mondiale sont donc d’une grande uniformité puisque nombre d’entre eux sont issus de production sérielle.
Palmes, coqs, poilus : l’uniformité des décors commémoratifs
Les points communs entre tous ces monuments concernent aussi les décors. Ces ornements sont presque sans exception des symboles patriotiques. Cela passe par les palmes qui sont sur la totalité des monuments mais aussi par les croix de guerre ou les coqs glorieux. Les statues de poilus dans différentes attitudes sont également fréquentes. Les monuments servent donc à commémorer les morts mais également à glorifier la patrie et donc la République française. Les formes que prennent les monuments sont souvent similaires : l’obélisque revient régulièrement, tout comme les socles surmontés de statues ou encore les stèles. Tous ces monuments comportent des plaques sur lesquelles sont inscrits les noms des morts, la plupart du temps classés par ordre alphabétique même si certaines communes choisissent de les inscrire selon l’année de décès, comme c’est le cas à Chenac ou dans la commune des Mathes.
Des particularités locales
La représentation de l’estuaire
Les villes de l’Estuaire sont caractérisées par leur proximité avec l’océan et quelques honneurs sont faits aux marins et morts en mer, même si cela reste rare. Les marins n’apparaissent que sur quelques monuments, comme sur celui de Mortagne-sur-Gironde. Ils sont mentionnés parmi les morts à commémorer dans d’autres communes, comme c’est le cas à Saint-Georges-de-Didonne ou au Verdon-sur-Mer. Ils sont également parfois mentionnés dans les documents justifiant la volonté d’ériger un monument, comme à Blaye qui souhaite rendre hommage "aux soldats et aux marins". Cela n’apparait cependant pas sur le monument en lui-même. Malgré ces quelques mentions, cette spécificité reste peu visible et les autres monuments des communes de cet espace ne présentent pas de référence à leur particularité estuarienne.
La volonté de se distinguer
Certaines communes souhaitent se distinguer de ces représentations uniformes, notamment en évitant de choisir un monument sur catalogue. La ville de Blaye fait dessiner son monument aux morts par le professeur de dessin du collège afin qu’il soit différent de ceux des "communes voisines de moindre importance". Il est, en effet, plus grand et se distingue également par plus de détails sculptés. Il comporte deux panoplies militaires, une romaine et une de Poilu, portées par des faisceaux, symbole républicain. Aucune sculpture similaire ne se retrouve sur les monuments des autres communes estuariennes.
La relative mise en valeur de ressources et d’architectes locaux
Certains matériaux locaux sont parfois privilégiés comme la pierre de Thénac en Charente-Maritime, à Arces et à Barzan. Cette idée est cependant à nuancer puisque ceci ne correspond pas à la majorité des cas : plusieurs monuments sont faits de granit belge comme à Meschers-sur-Gironde et à Saint-Georges-de-Didonne. Cela dépend sans doute de l’architecte ou des entrepreneurs à qui la commune fait appel. Les architectes locaux ont tendance à utiliser les pierres des carrières de proximité alors que l’entrepreneur Edouard Rambeaux-Rolland, originaire du Nord, semble plutôt travailler le granit belge.
Certains architectes locaux sont à l’origine de plusieurs monuments dans l’espace estuarien, comme c’est le cas de Charles Grange, architecte bordelais. Il participe à l’érection des monuments de Fours, de Braud-et-Saint-Louis ainsi que de Bourg-sur-Gironde. Ceci reste encore une fois à nuancer puisque d’autres architectes ou sculpteurs sont sollicités pour fournir les monuments aux morts aux communes de l’estuaire et ne sont pas toujours originaires ou implantés dans la région. C’est le cas de Frédéric-Balthazar Stoll, sculpteur parisien, qui dessine les monuments du Verdon-sur-Mer, de Talais ou encore de Soulac-sur-Mer.
Ainsi, les monuments aux morts de l’Estuaire de la Gironde ne semblent pas se différencier des autres monuments du territoire. Ils obéissent aux formes patriotiques et uniformisées qui se retrouvent au niveau national. Ils s’insèrent donc dans le mouvement national commémoratif au cours duquel énormément de monuments sont érigés en étant souvent choisis sur catalogue. La particularité estuarienne de cet espace n’est que peu visible sur ces monuments.
Type de dossier |
Dossier collectif, aire d'étude |
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Référence du dossier |
IA33010173 |
Dossier réalisé par |
Beschi Alain
Chercheur et conservateur du patrimoine au sein du service du patrimoine et de l'Inventaire en Aquitaine, puis Nouvelle-Aquitaine (1994-2023). Steimer Claire Conservatrice du patrimoine au sein du service du patrimoine et de l'Inventaire. Suire Yannis Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. Dezou Clara Stagiaire dans le service patrimoine et Inventaire en 2019. |
Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2010 |
Copyrights |
(c) Conseil départemental de la Gironde, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Partenaires |
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Citer ce contenu |
Monuments aux morts des communes riveraines de l'estuaire de la Gironde, Dossier réalisé par Beschi Alain, (c) Conseil départemental de la Gironde, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/0c58f333-8c6f-492c-87aa-92f2b646f313 |
Titre courant |
Monuments aux morts des communes riveraines de l'estuaire de la Gironde |
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Dénomination |
monument aux morts |